• Chapitre 2

    Le lendemain, pour une fois, je me levais à l’heure. Habituellement, il n ‘y avait pas un bruit dans la maison et lorsque mon réveil sonnait, je le jetais à l’autre bout de la pièce. Seulement là, j’entais des pas étouffés, mais je les entendaient tout de même, de l’eau couler de douches ou de robinets et des voix. C’étaient les bruits de nos nouveaux voisins. Au moins, ils me permettaient de me lever à l’heure puisque en aucun cas je ne pouvais me rendormir avec tout ce bruit. De plus, Tomas m’accompagnerait sûrement au lycée. A l’heure. Je repoussais donc ma couette de sur moi, et me décidais à me lever. Ayant pris la meilleure chambre, il ne restait que celle remplie de cartons pour mon père, il dormait donc en bas sur le canapé. D’en haut je hurlais pour qu’il m’entende :

    -        - Papa ! Réveille toi c’est l’heure !

    J’entendis un bruit fracassant et je devinais sans soucis que c’était mon père qui était tombé du canapé. J’avais raisons puisque quelques secondes plus tard j’entendis un gémissement de douleur et des pas lents, ainsi qu’un bruit de robinet qui s’ouvre. Satisfaite j’entrais dans la salle de bain et me doucha. Une fois finit, je retournais dans ma chambre, la serviette bien accrochée autour de moi et les cheveux humides. Je saisissais mes vêtements et les enfila. Je sortis de ma chambre habillée, et descendis lentement les marches. Mon père leva la tête vers moi, prêt à dire quelque chose et quand il vit ma tenue, il me fit un sourire en coin et je vis son air malicieux dans ses yeux qui nous rendait complices. Je lui répondis de la même manière et nous éclatâmes de rire. Il n’y a qu’avec mon père où je pouvais vraiment rire et être heureuse. Il n’y avait que lui qui me connaissait joyeuse et enthousiaste. Je m’assis à table et mon père déposa devant moi des crêpes.

    -        - C’est pour tous ces changements… C’est exceptionnel ! Ça n’arrivera pas deux fois !

    Je ris et engloutis une première crêpe. J’en mangeais deux puis trois avant de me décider à arrêter.

    -        - Tu ne vas pas avoir chaud dans cette tenue ? Me demanda mon père.

    -       -  Ne t’en fais pas, j’ai quelque chose en dessous, dis je en tapotant mon ventre.

    Il sourit avant de remarquer l’heure.

    -        - Tomas ne va pas tarder à arriver. Tu as une dizaine de minutes devant toi pour t’occuper.

    Je sautais sur le canapé, les draps toujours présents et alluma la télévision. J’avais pertinemment insisté pour que ce soit le premier meuble que l’on sorte. J’allumais le poste sur une chaine au hasard et tomba sur un dessin animé d’enfant. Un épisode spécial d’Halloween il me semble. Je m’apprêtais à changer de chaine seulement, mon cerveau était captivé par l’émission et mon regard ne pouvait s’en décrocher. Je passais donc dix minutes à regarder cette émission bête mais qui te ramollissait le cerveau et le vidait de tous ces problèmes. Les gentils monstres allaient enfin retourner dans leur dimension, pour laisser places aux gentils humains, lorsque une sonnerie retentit. Mon père prenait sa douche, donc je me levais en soupirant pour aller ouvrir. Tomas regardait le ciel, son sac sur l’épaule et tourna la tête vers moi pour me dire quelque chose mais ne dit rien. Je levais les yeux aux ciel, prit mon sac et sortit sans éteindre la télévision.

    Tomas n’osa pas parler pendant tout le chemin, il se contentait de me regarder avec son air étrange toujours collé sur la figure. Ce qui m’allait très bien, n’étant pas une grande bavarde. Devant le lycée, je m’apprêtais à entrer, mais Tomas me barra le chemin de son bras :

    -        - T-Tu… Tu vas me suivre jusque dans le lycée e-et ensuite tu iras en s-salle des professeurs…

    Il bafouillait c qui m’agaçait au plus haut point. Arrivée à la fin de sa phrase, j’acquiesçait et le suivit. Il était rouge et regardait par terre, si bien qu’il aurait pu se manger deux ou trois poteaux si je ne l’avais pas poussé au dernier moment. De mon côté, j’étais tout à fait normale, tandis que tout le monde avait ses yeux braqués sur moi. Je marchais nonchalamment et arrivée devant la salle des professeurs Tomas me laissa, en m’indiquant que nous étions dans la même classe. Je toquais à la porte en me brisant quelques os sur le moment et attendis. Un jeune homme vint m’ouvrir et me dévisagea du regard.

    -      -  Lou- Anne Laure ?

    -        - C’est moi.

    -        - Bienvenue dans notre lycée jeune demoiselle !

    Je le remerciais poliment. Les couloirs se vidaient petit à petit et l’homme salua ses collègues avant de fermer la porte derrière lui. Il se mit à marcher d’un pas normal, si bien que je le suivais sans aucun problème.

    -        Je suis M. Dufrey et je serais votre professeur de mathématiques, ainsi que votre professeur principal.

    Une fois devant la classe, il s’arrêta et continua à me parler à voix basse pour pas que les élèves n’entendent.  Il disait des choses comme « J’espère que vous vous intégrerez bien » etc.  Même si je voyais que ma tenue le perturbait légèrement. Avant d’entrer j’entendis des murmures venant de la classe :

    -        - Eh ! Vous savez il y a une nouvelle !

    -        - Non !

    -        - Si si ! Et à ce qui paraît elle est super jolie !

    Je n’entendais pas la voix de Tomas. Mais à cette dernière phrase, je pensais sûrement qu’ils allaient être déçus…
    Le professeur posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte. Je restais dehors, cachée, comme me l’avait demandé M. Dufrey.
    Je jouais avec une mèche de cheveux lorsque j’entendis mon nom. J’inspirais un bon coup et entra. Je regardais droit devant moi pour ne pas voir les autres mais je fus bien obligée de me tourner vers la classe une fois au milieu de l’estrade. Je me tournais vers eux d’un regard neutre et distant tandis que je vis trente paires d’yeux braquées sur moi la bouche ouverte. 
    Je frissonnais quand M. Dufrey me demanda de me présenter avec le sourire.

    -        - A quoi bon sourire quand on n’est pas heureux ? Je n’ai aucune raison de sourire actuellement. Je m’appelle Lou- Anne Laure.

    M. Dufrey se figea, son sourire sur le visage et les élèves aussi. Le professeur demanda aux élèves qui voulaient être assis à côté de moi. 
    Un grand silence s’ensuivit. J’avais le regard froid et m’apprêtais à m’assoir au fond quand une foule de garçons leva la main en criant.
    J’étais un peu dégoûtée de voir ce spectacle. 
    M. Dufrey m’interrogea du regard et j’haussai les épaules.

    - À-À côté de Matt alors ?

    Touts les regards se tournèrent vers quelqu’un au fond de la classe qui me regardait avec le même sourire timide qu’hier soir quand il m’observait à sa fenêtre. Les regards jaloux le quittèrent pour se concentrer sur moi, voir si j’allais riposter. Je sentais surtout le regard de Tomas qui attendait ma réponse, prêt à virer sa voisine. Prise sur le vif, j’haussais les épaules et marcha lentement vers le fond de la classe, les regards braqués sur moi. Je posais mon sac sur la table et posa mon menton dessus sans un regard pour qui que ce soit et encore moins pour mon soi disant voisin, Matt. Il n’osa pas me parler de toute l’heure. En revanche je sentais le regard de tous les élèves de la classe sur moi. La rangée derrière moi fixait mon pull, ceux de ma rangée avaient le regard tourné vers moi et ceux de devant se retournaient le plus discrètement possible. Impassible, je m’endormis sur mon sac. L’heure passa relativement vite.

    L’heure de la pause déjeuner était arrivée et personne pendant ces trois heures de cours n’avait osé m’adresser la parole. Je redoutais cette heure. J’avais perdu Tomas, qui s’était volatilisé après l’heure de physique chimie et je me retrouvais seule dans cet énorme bâtiment comprenant salles de classes, piscine, gymnase, stade, patinoire et cafétéria. Où mon père avait trouvé tout cet argent ? Je cherchais donc la cantine, perdue et me heurta à quelqu’un.

    -        - Crétin ! Dis je en me relevant tout en me frottant le crâne.

    -        - Excuse moi…

    -        - Fais plus attention quand tu marches !

    -        - E-Excuse moi ! Répéta t’il.

    Sur ces mots je partis sans lui laisser le temps de riposter. Tant d’idiots dans ce lycée ! D’autant plus, mon style vestimentaire semblait les gêner. Parfait. Ils ne viendront pas me parler en ce cas. Je commençais à désespère de ne pas trouver ce maudit réfectoire quand j’arrivais devant une grande porte avec pour inscription au dessus « Cafétéria ». Je soupirais d’avoir gâcher tant d’efforts, et poussa la porte.  Je me postais à l’entrée et fis un tour de regard circulaire sur la cantine qui se présentait à moi. Je m’arrêtais sur chaque élément improbable. Les employés avaient des uniformes colorés, et les, murs étaient peints en rouges, jaune et vert. Des couleurs vives partout. Les tables étaient toutes bleu ou violettes et les chaises blanches. Les élèves se levaient sans se faire arrêter par qui que ce soi et riaient entre eux tranquillement. Juste en face de la porte où je me trouvais, à l’autre bout de la salle se trouvait une porte identique à celle ci, qui menait à l’extérieur.  De là où je me trouvais, je voyais des tables de pique-nique en bois à la base marrons, peintes en vert. Des gens y mangeaient au soleil en riant. C’était totalement différent de chez moi. Là où j’avais grandis, il faisait froid et on se tassait tous à l’intérieur. Et si quelqu’un avait le malheur de se lever, c’était fini pour lui. Je pris mon plateau ainsi que mon déjeuner et m’assis seule à une table. J’étais tout à fait heureuse, mon fromage dans les mains, mais Tomas avait eu la bonne idée de venir s’asseoir en face de moi. Je soupirais et posais mon fromage sur mon plateau.

    -        - Qu’est ce que tu veux M. Sourire ?

    -        - Rien rien… Mais je sais que tu as besoin de compagnie.

    Je me retenais d’éclater de rire. Moi ? De la compagnie ? C’était impensable.

     

    - Même pas en rêve.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :